Droit et sciences de la vie
Sciences de la vie
Les progrès scientifiques ont évidemment influencé, de tout temps, le cours du droit : ainsi n’a-t-il pas été insensible à l’invention de l’imprimerie. Et puis celle de la machine à vapeur a engendré la société industrielle; elle fut source de progrès, mais aussi de morts et de blessures. A la fin du xixe siècle, en 1898, il fallut donc une loi spéciale sur les accidents du travail. Peu après, l’apparition et la multiplication des automobiles, elles aussi causes d’innombrables dommages, ont appelé une prise de position du droit : pas plus qu’il n’était venu à l’esprit de lui demander d’interdire les machines à vapeur, on n’attendit de lui la condamnation de l’automobile, ni plus tard de la civilisation qu’elle a engendrée. La loi du 5 juillet 1985 a simplement construit un système protecteur des victimes. Reste que les découvertes scientifiques, si elles concernent le droit en maintes circonstances, n’imposent pas nécessairement un alignement des règles juridiques sur les découvertes de la science, car celles-ci peuvent être bénéfiques ou maléfiques, de sorte qu’il appartient au droit, de plus en plus souvent interpellé, de prendre position.
Les fulgurants progrès des sciences de la vie qu’il s’agisse de la médecine, de la biologie ou de la génétique — ont aussi, au sujet notamment de l’expérimentation médicale, des procréations artificielles ou des manipulations génétiques, renouvelé une réflexion fondamentale sur les relations entre les comportements humains et les normes juridiques. Au carrefour de beaucoup de courants de la pensée, souvent sous le couvert de ce qu’on a appelé « éthique » un droit nouveau s’est constitué . Il s’est notamment exprimé par des lois importantes en 1994 .
Et l’on voit bien alors que deux tentations guettent le droit, toutes deux contestables, toutes deux contraires à sa nature. L’une inciterait à ignorer les données nouvelles de la science en fondant les réponses sur les seules pesanteurs de la tradition, ce qui est vain, inopportun et même dangereux. L’autre tentation, inverse, porterait à s’incliner passivement devant les exploits de la science en confondant normes scientifiques et normes juridiques, en tirant celles-ci de celles-là par la seule lecture d’un réel sans cesse renouvelé.
Vidéo : Droit et sciences de la vie
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