Marx et les marxismes
On ne peut, sur ce sujet immense , s’accrocher encore aux clivages nationaux, d’ailleurs nuancés d’interférences. Il faut plutôt s’efforcer de distinguer la pensée de Marx (1818-1883), d’une part , et, d’autre part, les diverses tendances (dirait-on en droit européen), rites (dirait-on en droit musulman) ou écoles (dirait-on en droit romain ou hindou) qui se réclament du marxisme.
L’analyse globale qui, dans la pensée de Marx, découle du matérialisme historique aboutit à considérer que l’évolution des relations de production, en d’autres termes des facteurs économiques qui constiruent l’infrastructure de la société, détermine les transformations de la superstructure, des idéologies et, par conséquent, du droit entendu ses divers sens (ensemble de règles ou prérogative individuelle), ce qui conduit Marx à soutenir que le droit positif exprime les intérêts de la classe dominante, donc des capitalistes dans les sociétés bourgeoises, puis du prolétariat lorsque celui-ci établit sa dictature en attendant que, dans la société communiste, la disparition du droit arrive dans le sillage du dépérissement de l’Etat.
A partir de cette analyse célèbre et au gré de beaucoup de circonstances, de nombreuses théories ont été élaborées. La critique de l’idéologie juridique, à laquelle s’était livré Marx en méditant notam¬ment sur la philosophie du droit de Hegel , a donné naissance à un courant d’idées renouvelées : tandis que Pasukanis approfondit l’étude des relations entre les catégories juridiques et les catégories écono¬miques , Vychinsky développe la thèse selon laquelle le droit sovié¬tique n’est pas un droit « bourgeois » corrigé, mais un droit nouveau, socialiste et dépouillé de tout caractère « bourgeois » . Pourtant les théories marxistes du droit moderne sont conduites à mieux prendre conscience du fait que le droit réagit sur l’infrastructure économique et à ne pas tenir compte seulement de ce qui se passe dans les sociétés « bourgeoises », car l’existence du juridisme soviétique s’est bien mal accordée avec l’antiétatisme de Marx et a exigé de la part de ceux qui se réclament du marxisme une réflexion renouvelée. Ni l’apologétique, ni le communisme primaire ne sauraient satisfaire cette exigence . Dans la perspective de l’approfondissement des réflexions, la démarche d’Ernst Bloch est, à cet égard, une des plus intéressantes.
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